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  • Photo du rédacteurKemi Outkma

L'eternel reboot


Où que tu sois allé on s'en fout, va te rhabiller ! Comment ça pourquoi ? T'as rien vu venir ? T'as pas regardé autour de toi récemment ? T'as pas vu ?

Que les méchants américains veulent entrer en guerre contre un pays que personne n'est capable de situer sur une mappemonde ? Qu'on s'émeut une fois de plus sur des victimes civiles inconnues et qu'on maudit à nouveau des dirigeants intouchables ?

Que sur le réseau, des profils dont le mutisme comblait d'aise les zombies qui l'arpentent sans cesse, se réactivent pour partager leur photos de vacances, leur nouvel emploi du temps et leur liste de fournitures scolaires.

Que les teinturiers croulent sous les piles de costumes et de robes à usage unique souillés de vinasse, de gras et de sueur – mais rarement de foutre- collection du millésime, afin que leurs propriétaires puissent les placer dans un recoin sombre et les y oublier pour au moins quelques années, telles les pierres tombales des individus tués par l'union.

Que tous les éditeurs sortent leur catalogue « spécial rentrée littéraire », que les auteurs-putes se préparent à aller orner les vitrines des libraires-proxos et à se vendre aux amateurs de coups vite tirés et vite oubliés, donc à souvent renouveler.

Que le travail se fait rare pour les jeunes, que les impôts sont trop élevés pour ceux qui ont la chance d'en payer, que la retraite est dans trop longtemps pour ceux qui, souvent par hasard, ont encore un boulot.

Que les clodos reviennent en centre-ville sans que quiconque viennent les en chasser, que d'ailleurs l'accueil de la soupe populaire du boulevard a rouvert.

Que les rebeus sont rentrés du bled et traînent à nouveau en bas des tours et que ça tombe bien vu que t'as plus de shit.

Et puis surtout que le soir, quand tu sors fumer ta clope, il fait noir. Et que ce n'est pas l'odeur des barbecues voisins qui gâche l'air que tu viens polluer, cette odeur qui revient alors que tu l'avais presque oubliée, c'est l'odeur du turbin, du chagrin comme on l'appelle aussi si justement parfois. La sensation obscure et humide de la descente à la mine et le poids du joug.

Tous les signes le montrent, regarde, c'est le retour du quotidien, la reprise de la routine.

Fin de la promenade, tout le monde en cellule.

Les vacances sont finies, où que tu sois hâlé, va te rhabiller je te dis, c'est la rentrée.

K.O.

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