Le vieux transistor de l’épicier arabe nous crache aux oreilles qu’il est huit heures et que c’est maintenant le journal présenté par machin comme tous les matins.
Aux infos rien de nouveau.
Les Etats-Unis entrent en guerre contre un pays pour le civiliser. Et surtout pour détrôner le dictateur qu’ils ont mis en place quelques années plus tôt parce qu’il veut augmenter le prix de l’unique ressource exportable de son sol afin de faire rénover son palais.
La presse internationale se frotte les mains.
L’Angleterre approuve et assiste son ancienne colonie devenue empire afin de s’assurer de la pérennité de son soutien.
La famille royale se frotte les mains.
La France dit que la guerre c’est pas bien mais ne se prononce ni sur la légitimité du conflit, ni sur celle de la dictature précédemment en place.
Le reste du monde se marre bien.
En Afrique, au Proche-Orient ou dans les Balkans, une population se fait décimer par une autre dans l’indifférence et l’inanité du reste du monde…qui s’avoue quand même scandalisé que les tristes exemples du siècle passé ne servent pas de leçon…
Les marchands d’armes se frottent les mains.
L’O.N.U. discute et se prépare à voter une résolution.
Les bourreaux et exécuteurs se frottent les mains… en se marrant bien.
L’Asie invente des tonnes de gadgets inutiles afin de dissimuler le fait qu’elle fabrique et produit désormais la quasi-totalité de ce que vous consommez et que vous êtes donc en passe de devenir le tiers-monde de demain.
Vos patrons et vos élus se frottent les mains.
L’Afrique crève de faim.
Les traders se frottent les mains.
L’Amérique latine est exploitée.
Les multinationales de biotechnologie céréalière se frottent les mains.
Autour de nous, les écoliers, les collégiens et lycéens se mobilisent à coup de « sms-tous-à-la-même-heure-pour-le-symbole-de-solidarité » pour une population lointaine dont ils ignorent la situation géographique et dont ils auront oublié l’existence dans un mois au maximum et qui vient d’être la malheureuse victime d’une catastrophe naturelle.
Les fournisseurs de téléphonie mobile se frottent les mains.
Rien de nouveau.
La routine.
La roue tourne.
Sur elle-même de préférence.
La machine-monde poursuit son inexorable route.
Vers l’Enfer.
Et nous dans nos cartons, ces cadavres de vos achats, à nous geler le cul à coup de températures négatives et nous brûler la gueule à l’eau de feu, parfois de Cologne,
Et en écoutant ça
Dans le froid du matin
On se frotte les mains.
KO
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