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  • Photo du rédacteurKemi Outkma

Les derniers cow-boys français de Andy Vérol


J'ai fini de lire Les derniers cow-boys français de Andy Vérol tout à l'heure. Je n'ai pas l'habitude de me faire critique littéraire, j'ai toujours eu le sentiment que faire l'éloge d'une œuvre c'était risquer de lui nuire, que c'était un peu prétentieux et surtout que l'exercice était fastidieux et peu séduisant. Je n'ai toujours pas changé d'avis, mais quand un type les met comme ça sur la table, on se doit de saluer son audace.

Peu d'auteurs vivants ont réussi à ce jour à me bousculer réellement (je n'ai peut-être pas lu les bons) à m'extirper de mon enveloppe de lecteur pour monter sur le grand huit de la narration et me secouer littéralement les tripes. Andy Verol et ses cow-boys y sont parvenus. Lecture en deux jours avec de l'impatience entre chaque nouvelle plongée dans la viande. Parce que c'est ça pour moi ce roman ; une exploration du corps-viande de la France moribonde, ça exsude, ça suinte, ça pourrit, ça pue... ça métastase. C'est le déclin comme une force vive, la chute comme un envol. Le style est d'une froideur chirurgicale et le rythme rappelle de la vieille drum n' bass londonienne-zones industrielles-nuances de gris.

On peut reprocher des faiblesses de premier roman, une nécessité de tenir certains propos (dont la lucidité et la pertinence apparaissent clairement six ans après sa publication) qui a parfois supplanté la rigueur de quelques éléments de la construction romanesque mais encore cela aurait-il pu nuire à cette quête haletante qui semble animer l'auteur d'un bout à l'autre, à savoir non pas celle de l'originalité -vague relent de nombrilisme occidental- mais de l'expérience formatrice, de la réalisation de soi-même par la mise en abîme.

On aurait tôt fait de qualifier ce roman d' « underground » ou « hardcore » peut-être... je ne me tiens plus vraiment au courant de ce que revêtent désormais ces termes dans le langage de mes contemporains, mais ce serait, il me semble, un peu réducteur et risquerait de passer sous silence le véritable travail d'écriture qu'a fourni l'auteur et qui nous démontre qu'aussi infréquentable qu'on veuille le qualifier, Andy Vérol/Léonel Houssam est un authentique écrivain, qui plus est d'une rare intégrité.

Personnellement cette lecture m'a conforté dans l'attitude que j'observe à son égard depuis que nous nous suivons : je préfère m'intéresser à ses publications littéraires qu'à ses incessantes provocations sur le net. (nombre de ses cyber-détracteurs devraient en faire autant d'ailleurs, cesser d'aboyer leurs jugements-raccourcis, gonflés de leur liberté-de-parole-donné-par-le-grand-réseau-monde-camp, devant sa vitrine-profil pour aller jeter un œil dans l'ombre de son atelier voir en quoi consiste exactement son travail à ce gars là.)

Bref je me permets d'en conseiller l'achat à tous ceux qui apprécient la lecture vivante et qui préfèrent la littérature qui tue à celle qui endort.

K.O.

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