Aux laborieux méprisants
vous qui avez la chance d'avoir encore une « activité professionnelle », sacro-sainte obligation de la normalité et de l'intégration dont vous déduisez une supériorité sociale qui vous autorise à vous ériger au statut de citoyens décideurs, petits donneurs de leçons apprises par cœur dans le cadre de votre asservissement et votre aliénation, aboyeurs de lieux communs dont les morsures ne sont à redouter que si vous êtes en nombre - la majorité est le pouvoir donné aux imbéciles de faire entendre par le nombre l'étendue de leur manque d'envergure individuelle- vous, enfin, qui n'hésitez pas à enjoindre les chômeurs et les miséreux à « se bouger un peu » au lieu « d'attendre tranquillement les assedic ou le RSA » ou leur affirmer que « quand on veut travailler, on trouve du boulot ».
Vous êtes certainement la pire engeance de notre société. Vous êtes la source et l'arme de ce système économico-tyranique que vous prétendez subir comme tout le monde. Et si ce système, comme je le souhaite, s'écroule un jour, j'en suis venu à espérer que ce sera une fois qu'il vous aura, vous aussi, exploités et pressés jusqu'à votre dernière goutte de sueur. Oh oui je vous en souhaite de la souffrance, de celle du pauvre, du nécessiteux, du pessimiste résigné à sa poisse , de l'indigent ignoré de tous, de l'humilié inconnu. Vous les rongeurs hyper actifs et abêtis qui ne cessez de courir dans votre roue économico-carcérale, dont chaque révolution vous fait franchir les étapes « gains » et « dépenses », que pour fustiger les plus faibles que vous, les exclus pour qui il n'y a pas de roue dans laquelle courir, ceux à qui il ne reste que les déchets et les déjections. Vous êtes la source de l'aberration inhumaine qui nous sert d'échelle de valeur : c'est grâce à vos heures de travail, à vos épargnes, à vos crédits, vos caddies et vos dépenses effrénées que les nantis deviennent toujours plus riches et qu'ils continuent par l'exubérance de leurs moyens et l'excentricité de leur ego à vous faire croire qu'à force d'efforts et de labeur on peut, grâce à ce système économico-totalitaire, accéder à leur niveau de vie.
Sans vous ils ne sont plus rien... sans vous ils n'ont plus rien... mais si vous vous retirez du Jeu, vous non plus vous n'aurez plus rien...
Et c'est là que de sources de revenus des puissants que vous prétendez honnir comme tout le monde alors que vous n'avez pour eux que jalousie, vous devenez leur arme. En fustigeant les pauvres, en les culpabilisant de leur pauvreté, vous les exemples vivants de l'existence d'emploi pour les travailleurs courageux. En accusant le nombre croissant des moins bien lotis que vous de fainéantise et de vous délester de ce dont vous vous estimez lésés. Mais votre mépris pour les pauvres ne cache que votre peur de la pauvreté, de votre éventuelle pauvreté. Les pauvres ne vous dérangeraient pas, si vous étiez aussi persuadés que vous le prétendez de ne jamais manquer de travail, et donc d'argent, puisque vous êtes volontaires et durs à la tâche.
Tantôt bétail docile, tantôt meute de chiens agressive, mais toujours utile aux maîtres dans l'espoir de son fourrage et de son nonosse.
Il ne vous reste plus qu'à choisir sur quelle plage vous allez ronger le vôtre cet été...
Alors, bonnes vacances.
K.O.