Kemi Outkma
Les phénix
Ils hantent le fond de ma mémoire
Le fantôme rouge et le fantôme noir
Ogres éternels de notre histoire
Faux cadavres de nos placards.
J’ai appris à les reconnaître
Dans les grands livres des grands maîtres
Ces rares exorcisés d’un autre temps
Revenus témoins, devenus survivants.
Mais force m’est de convenir
Qu’ils ne sont pas que souvenirs
Ces icônes stigmatisés, ces monstres de haine
Aux virales logorrhées soit vulgaires, soit mondaines
Je vois leurs spectres sur toutes les langues
Des esprits nobles ou des viles gangues
Parés de sonorités humano-libérales
Mais aux accentuations trasho-radicales…
Ils hantent aussi les fous de Dieu
Leur offrent des rôles de martyrs
Crimes devenus gestes pieux
Et mensonges en guise de repentir.
Ils susurrent aux oreilles du monde
De leur chaude et fétide haleine
Leurs rhétoriques immondes
Attisant les braises de la haine.
On peut les voir de toutes les causes
Ils ont infecté tous les mouvements
Ils se régalent de l’arthrose
De la pensée des petites gens.
Ils répandent leurs fléaux
Jusque chez leurs ancien adversaires
Fièvre cafteuse, bacille identitaire
Devenus leurs nouveaux hérauts.
Nous avons tous cru à leur mort
Seuls leurs drapeaux sont en lambeaux
Ils sont de retour et bien plus forts
Même méthodes mais nouveaux flambeaux.
Chaque repli communautaire
Donne aux phénix une nouvelle chance
Et leur offre comme repaire
L’excuse de la tolérance.
K.O.