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  • Photo du rédacteurKemi Outkma

Je sèche


Je sèche.

Bloqué, prostré devant ma page blanche.

Je cale. Je stagne.

Je me gratte ma barbe naissante, j’écoute quelques mesures du frottement dermato-pileux…

Je me redresse, je m’étire, ça craque…

Je m’enfonce un auriculaire dans une narine, puis dans l’autre… J’explore chacune d’entre elles, je gratte et récure de la courbure de mon ongle, espérant qu’une idée, un sujet, en provenance de ma boîte crânienne ait pu s’échapper, s’écouler jusqu’ici pour s’y solidifier en un fragment, un embryon…

Une première pierre pour l’édifice à ériger…

Enfin… un édifice, il ne faut pas exagérer, à peine un de ces cairns insignifiants que j’ai déjà amoncelé, de ci de là… Petit Poucet du Talent perdu dans la forêt de l’Envie…

Rien d’intéressant.

A peine quelques substrats agglomérés sommairement… informes, insipides et inodores… sans densité.

Je soupire, je m’agace.

Je me prends la tête entre les mains.

Je l’ouvre en deux.

Je plonge mes dextres dans la substance spongieuse, je m’empare de certains des participants de cette partouze de circonvolutions corticales d’où plus rien ne sort, ne suinte, n’exsude.

Je tire… Je tends… Je mêle… J’entortille…Perdu dans cette foule de nœuds.

Et toujours rien.

La douleur céphalique… Une blessure de l’ego…

La sensation d’une boursouflure de l’identité, une envie proéminente sur le périmètre du vouloir. Une hernie.

Merde !

Etre assis là et ne rien pouvoir écrire… à part que je n’ai rien à écrire.

Cercle vicieux et vicié d’un esprit agité par la volonté d’une unité.

Une erreur ? Une impasse ?

Et le mur du fond de celle-ci qu’on se prend en pleine face…

Alors qu’on l’a vu venir de loin…et qu’on a prétendu s’en foutre !

Rien, que dalle, le néant.

Mise en orbite des émotions.

On survole, on glisse, on se faufile dans les entrelacs des rapports sociaux, vague substance malléable sans mémoire de forme originelle…Qu’aucune intervention extérieure ne peut pénétrer, que rien ne peut faire muer.

Peut-être n’est-ce que cela le Bonheur…

L’indifférence, le détachement…

Comme l’a dit le poète Léo : « Madame !

Le Bonheur ce n’est pas grand chose

Madame !

C’est du chagrin qui se repose »

Et quand le chagrin se repose, il ne me reste que ma feuille, mon stylo et l’envie d’écrire.

Le bonheur c’est de l’ennui…

C’est sûrement pour ça que ça ne dure jamais longtemps…

Alors, patience !

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